Lucien Kroll
Expériences participatives et écologiques. Jardins " inchoatifs "
Il en est des jardins comme des architectures : certaines sont arrogantes et lourdes, dautres amicales et souples. Comment faire ?
Une longue tradition desclavage nous coince encore : nous croyons encore prudent de craindre et dobéir même à nimporte quoi. Et si nous ne trouvons plus de chefs, nous nous en inventons dimaginaires. Les empereurs sont en poussière, les rois, les techniciens, et Dieu aussi, sont morts : nous allons donc nous obéir à nous-mêmes : une auto-colonisation !
Et, devant langoisse de vouloir être pris au sérieux, traçons des allées raides (autoroutes), des massifs de volumes capables (tout ce qui dépasse sera tronçonné), des répétitions didentiques (marcher au pas), des sujets officiels (parade des uniformes), des hiérarchies de tailles (ne pas mélanger les grands et les petits) et des zones précises assignées aux ailes droites ou gauches (comme pour la cavalerie ou lartillerie). Et parfois un petit coup de cosmétique ou de mollesse anglaise En tous cas, sans évolution imprévue, sans créativité naturelle, sans désordre : le climax sera déterminé préventivement (dès lenfance).
Cest même souvent magnifique : la question nest pas là.
Mais des mouvements lents font deviner un monde tumultueux encore souterrain : la spontanéité aléatoire crée une autre forme, une autre image, un autre paysage. Multi-agri-culturel ? Comment se mettra-t-il, ce paysage, si nous laidons au lieu de le contraindre ? Quelle complexité vivante, inextricable et aimable se créera-t-il ? Pour celle-ci, de nombreux jardiniers-paysagistes seront nécessaires, et encore plus virtuoses : ils doivent maintenant savoir suivre
Un jeu de " 1, 2, 3, soleil ! " mais dévolution lente et de surprises imperceptibles ?
Depuis quelques millénaires, les paysagistes construisent des objets toujours définitifs, monolithes, sacrés. Le postmodernisme revendique le quotidien, lanimalité et surtout subitement, laction du temps, sa mobilité, son évolution. Le raide se casse : les préfabriqués simplosent, inévolutifs.
Une pédagogie non-directive du paysage ?