Gaëlle Aggéri

Le sauvage dans les villes : du Wild Garden à la gestion différenciée

 

Depuis les années 90, des villes européennes se sont engagées dans une nouvelle démarche de mise en œuvre d’espaces verts plus naturels, qualifiée de "  gestion différenciée " et définie comme  la sélection d’interventions nécessaires et suffisantes pour tirer parti d’une végétation spontanée en réalisant un compromis entre l’aspect sauvage et le confort de l’espace public. 

Mais le jardin ne saurait être réduit à un espace rural ou de nature sauvage. Il demeure un art de la représentation, un fait culturel. On peut dès lors s’interroger sur la portée conceptuelle et symbolique des formes paysagères produites dans l’élan de cette mouvance et poser un regard rétrospectif sur la généalogie esthétique et philosophique de cette nouvelle nature sauvage aménagée dans l’espace public.

L’analyse des publications et des iconographies émises par les collectivités sur cette thématique a conduit à poser l’hypothèse selon laquelle la gestion différenciée des espaces verts publics des années 1990-2000 pourrait s’inscrire de façon latente dans la filiation du mouvement paysager du " Wild Garden " anglo-saxon de la période 1880-1930, notamment pour sa philosophie en réaction contre l’horticulture intensive, la revalorisation d’espaces rustiques et d’espèces locales, le métissage des formes agricoles, naturelles et jardinées, la recherche d’une esthétique picturale liée à l’impressionnisme.

Cette récurrence du sauvage s’exprime aujourd’hui à l’échelle de territoires urbains publics et à travers le filtre du paradigme contemporain de la ville durable.

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